"Je suis stressé(e)..."

Derrière cette expression utilisée dans le langage courant, se cache une appropriation et une identification de cet état pour chacun d'entre nous qui peut être difficile à résoudre . Il est admis aujourd'hui que ce  sont nos mots qui nous permettent de formuler nos pensées et ce sont nos pensées qui créent notre perception de la réalité. Il ne s'agit pas ici de nier la souffrance que cet état de stress génère, mais plutôt de voir comment il est possible de l'externaliser.
Si au lieu de dire "je suis stressé(e)", nous commencions par modifier notre parole en énonçant : "J'ai un problème de stress". De prime abord, nous pourrions nous dire que cela ne change pas grand-chose au problème.
Et pourtant...
Si nous revenons à nous-mêmes et que nous prenons le temps de nous concentrer sur nos sensations avec cette deuxième expression, il y a de fortes chances pour que notre ressenti corporel, même subtil, soit modifié , et que nous puissions étudier notre relation avec le problème stress. Sommes-nous le stress ? Non, nous sommes bien plus que cela, bien plus vastes et bien plus puissants que lui, mais nous nous laissons manipuler par un abus de langage ou un manque de vigilance concernant l'utilisation de nos mots. L'externalisation du problème comme le fait la thérapie narrative, marque le début de la distanciation entre le problème et notre personne. "Le problème est le problème. La personne est la personne. Le problème n'est jamais la personne." disait Michael White, un des fondateur de la thérapie narrative. C'est quand nous arrêtons de nous identifier à un problème, un manque, une pathologie ou autre que nous retrouvons notre pouvoir sur nous-mêmes.
Certes le stress est insidieux. Dans le burn-out, il semble s'inviter en permanence, jour et nuit et empêche la personne de conscientiser ses ressources, ses valeurs et ses richesses. En tout cas, c'est ce qu'elle croit. Elle ne voit pas les moments d'exception, aussi infimes soient-ils, où le stress ne se manifeste pas et qui pourtant existent (selon  Steve de Shazer, "Un problème n'existe pas 7 jours sur 7 et 24 h sur 24"). Ce sont ces moments-là qui représentent le début de la résolution. Alors, ne nous laissons pas embarquer et tâchons de garder les yeux ouverts...
Comme le dit Pierre Blanc-Sahnoun :"(...) le stress est un colosse aux pieds d’argile. Il sait qu’il ne te tient que par ton mental et sa radio déchaînée qui hurle dans ta tête. II sait que si tu deviens conscient du présent et que tu commences à habiter ici et maintenant, les fardeaux du passé et du futur glisseront de tes épaules. Il n’aura plus aucun pouvoir sur toi et ça le terrifie. Tu vas commencer à prendre ton temps, à revendiquer sa propriété, à l’offrir égoïstement à ceux que tu aimes au lieu de le laisser dans les fourgons blindés de l’actionnaire. Ce qui sera fait sera fait, ce qui ne sera pas fait… eh bien on s’en passera. Un cauchemar de manager. Le stress est le maton qui garde le quartier de haute sécurité où l’on emprisonne les acteurs économiques. Mais tu peux t’évader quand tu veux. Il suffit de le décider."