A chacun son burn-out.
Le processus de l'épuisement professionnel est long et insidieux, il comprend 3 stades qui se déroulent sur plusieurs mois ou plusieurs années selon la capacité de résistance au stress de l'individu. Cela dit, chacun a sa propre façon de vivre son burn-out, selon son histoire professionnelle et personnelle.
Au premier stade, la personne se plaint de fatigue persistante, une nuit de sommeil ne suffit plus pour récupérer et le bénéfice des vacances (quand elles sont prises) s'évapore très rapidement. A cette fatigue, s'associent divers symptômes physiques fonctionnels résistants à tous les traitements comme les Troubles Musculo Squelettiques (douleurs articulaires, lombalgies, contractures musculaires,...), des troubles cardiovasculaires (poussées d'hypertension, palpitations, ...), des troubles digestifs (reflux gastro- oesophagiens, douleurs et spasmes intestinaux,...), des maux de tête, des vertiges, des sueurs inhabituelles (sueurs nocturnes), des déséquilibres hormonaux, des baisses d'énergie, etc...
Il est à noter que les investigations et examens cliniques se révéleront tout à fait normaux.
Au deuxième stade, le stress est devenu chronique, et la capacité à le gérer s'amoindrit. Le système immunitaire s'affaiblit et les pathologies virales se font plus fréquentes. La fatigue s'intensifie. La personne doit faire face à des situations difficiles telles que des injonctions paradoxales (ou doubles contraintes), une absence de fiche de poste (désorientation), une charge de travail excessive, des pressions administratives, un manque de reconnaissance ou un management toxique (harcèlement moral). Le développement de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de communication (NTIC) ne permet plus une séparation de la vie professionnelle et de la vie privée. La personne peut se sentir complètement envahie par un flot de messages, de mails et SMS qu'elle n'arrive plus à traiter en temps voulu. Elle peut être amenée à agir en étant en désaccord avec ses valeurs (perte de sens), ce qui va générer chez elle un conflit interne avec pour conséquences de l'anxiété et des insomnies. Les ruminations envahissent sa pensée. Elle va se rendre à son poste à reculons (perte de plaisir au travail), avec un nœud à l'estomac ou à la gorge et peut ressentir toute réflexion comme une agression.
Au troisième stade, la personne est à bout. Elle peut souffrir de pertes de mémoire, de difficultés de concentration, d'incapacité à prendre des décisions, de cynisme (dépersonnalisation/déshumanisation). Elle ne se reconnaît plus elle-même: elle a le sentiment d'être devenue inefficace, impuissante, ce qui la conduit à augmenter son temps de travail, mais sans résultat à la clef et à rentrer dans un cercle vicieux dans lequel elle perd peu à peu l'estime d'elle-même. Elle est en permanence dans l'urgence et aussi dans le déni de sa problématique tout en refusant d'écouter les alertes de l'entourage. La démotivation et la dévalorisation apparaissent, de même que la perte de contrôle des émotions (crises de larmes, crises de nerfs, colères). Les conduites addictives de toutes sortes sont fréquentes (tabac, alcool, drogue, médicaments, boulimie, ordinateur, télévision, téléphone portable, etc...) de même que les conduites à risque ou accidentogènes. La culpabilité et la honte sont présentes ("Comment ai-je pu en arriver là?"), elle qui avait l'habitude de tout maîtriser. Elle s'isole et refuse les sollicitations : comment peut-elle parler de cette tempête qui l'assaillit de toutes parts sans faire aveu de faiblesse? Et à qui peut-elle en parler ?
Le cortisol (hormone du stress) qui est sécrété de façon anarchique au premier stade, inonde l'organisme au deuxième et troisième stade pour s'écrouler brutalement au moment du burn-out : il s'agit donc d'un effondrement de la personne sur tous les plans : physique, émotionnel, intellectuel et psychique. La perte d'énergie qui en découle est intégrale. L'organisme craque et peut se manifester par des crises brutales (ulcère, accident cardio-vasculaire, etc...). Une immense sensation de vide est ressentie. Le retour au travail est impossible. L'arrêt de travail, de un à plusieurs mois (il faut 2 à 3 mois pour que la personne se sente déconnectée de son poste de travail) peut être vécu comme un déshonneur. Il signe pourtant la fin d'un processus destructeur et le début du changement. Or, qui dit "arrêt", dit "reprise" et l'idée même de cette reprise est anxiogène: comment la personne peut-elle reprendre une activité qui l'a rendue malade? Pour éviter un épisode dépressif majeur, un accompagnement s'impose afin de se reconstruire sur tous les plans.