Le burn-out du soignant : un contexte particulier

 

Le soignant, qu'il soit médecin généraliste, spécialiste, urgentiste, réanimateur, anesthésiste, obstétricien, chirurgien, dentiste, etc... est confronté quotidiennement à de muliples facteurs qui, à la longue, peuvent le fragiliser.
D'abord, la pression administrative chronophage, la rationalisation économique des soins, les recommandations en tout genre empiètent sur la pratique clinique et médicale, et empêchent  le soignant d'exercer librement son métier, dans le respect de sa déontologie et de son éthique, pouvant générer chez lui à la fois frustration, colère ou sentiment d'impuissance.
Le choix de cette profession singulière se fait rarement au hasard, il est sous-tendu par une histoire personnelle en lien avec la notion de réparation ou de guérison, qu'elle le concerne directement ou pas. Ce paramètre constitue pour lui une force car cela lui permet d'avoir une écoute sensible et d'avoir le souci de répondre de façon efficace aux demandes de ses patients. Mais cela peut devenir un piège car le soignant peut tomber dans le "mythe du sauveur" avec toutes ses conséquences : oubli de soi-même et de ses proches, identification à la fonction, surinvestissement et donc déception quand la reconnaissance des patients n'est pas au rendez-vous, gestion aléatoire et épuisante du temps, confusion entre compassion et empathie.

De plus, le rapport au quotidien avec la souffrance, la maladie et la mort génère chez lui des impacts importants : le contact avec le patient n'est jamais neutre et réveille forcément diverses émotions (agréables ou pas). En outre, en tant qu'être humain, il peut être amené, plus ou moins partiellement et plus ou moins inconsciemment, à s'identifier au patient et à sa pathologie. Un travail de distanciation et de prise de conscience sont alors nécessaires. Pourtant, peu de praticiens bénéficient d'une supervision (comme c'est le cas, entre autres, pour les psychothérapeutes) ou des vertus d'un groupe de paroles qui permettent de sortir d'un isolement favorisé par le poids du secret médical.
Rajoutons à cela :

  • la pénurie des professionnels de santé
  • la crainte d'une erreur médicale et de ses poursuites judiciaires possibles
  • l'exigence croissante des patients qui deviennent des consommateurs d'actes médicaux
  • l'accès à la "médecine via internet" et sa vulgarisation outrancière qui biaise la relation médecin-patient
  • le changement brutal de nomenclature des actes
  • le travail dans l'urgence
  • la revalorisation insuffisante des honoraires 
  • la charge des responsabilités  
  • etc... 

et les possibilités pour le soignant de glisser vers l'épuisement professionnel seront multipliées avec des conséquences graves non seulement pour lui en tant qu'individu, mais aussi pour ses patients car la diminution de ses capacités cognitives ne lui permettent plus d'exercer correctement son métier.